Explication :

« Tu ne feras pas d’idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur terre ici-bas ou dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, tu ne les adoreras point » (Livre de l’Exode 20,4). Ce second commandement divin est strictement respecté dans le judaïsme (décalogue : code formé par les dix commandements, gravés sur des tables, que Dieu a remis à Moïse sur le mont Sinaï) mais aussi dans le christianisme (Cf. l’Ancien Testament).

Concernant Allah/Dieu, c’est défendu de le représenter :

Selon la tradition (source prophétique), avant l’an 622 après JC (période de l’hégire ou « hijra » : qui correspond à la fuite du prophète dans l’oasis de Yathrib, l’actuelle Médine), Muhammad fit détruire les 360 idoles/images que les Bédouins avaient disposées autour du sanctuaire de La Mecque où est nichée la Kaaba, car il condamnait explicitement toutes formes d’idolâtrie préislamiques après la révélation du Coran.

Dans l’islam (source coranique), « Dieu est complétement différent de sa création » (Coran 112,4). Si l’homme veut le représenter, l’image qu’on lui prêterait serait donc détournée de manière infidèle puisqu’elle dépasse toute imagination « … rien n’est semblable à lui » (Coran 42,11) ; selon ce verset l’homme n’est pas fait à l’image de Dieu dont la transcendance ne permet aucune ressemblance.

Par conséquent, aucune représentation de Dieu (images figuratives) n’a sa place dans les mosquées et dans les habitations, seulement son nom, Allah, y est inscrit, ou bien y est représenté par un nombre utilisé sur des images ou des textes : 786*

Dans quelle mesure l’image du prophète est-elle tolérée ?

Le Coran n’interdit pas explicitement l’usage et la fabrication d’images du prophète comme l’ a dit l’exégète Mohammed Al-Bukhari (810-870), mais son emploi est proscrit dans la littérature des traditions : Les Hadith (les « dits » du prophète et ceux des compagnons) sont un corpus de textes que constitue la Sunna à l’époque du VIII-IXe siècle.

En revanche, les représentations (images figuratives) du prophète Muhammad existent depuis le moyen-âge, on les retrouve dans la période moghole, en Perse (dans les enluminures) et dans l’empire Ottoman, du XIIIe au XVIIIe siècle, notamment dans des livres chiites à travers les lithographies, peintures, etc.

A sa mort, il y a une interdiction formelle de le représenter, et ce, par des usages prescripteurs (Cf. les hadiths) pour lutter contre l’idolâtrie et même le polythéisme. Un hadith souligne bien que quiconque s’aviserait à le faire, serait obligé de rendre des comptes lors du jugement dernier.

 

 

A partir du XVIe siècle, même dans l’islam chiite (branche minoritaire), Muhammad commence à être représenté sans visage, seulement par un voile blanc recouvrant son visage, soit complètement nimbé (emprunté à l’art chrétien), soit par des flammes incandescentes d’un anneau ou d’une couronne (inspiré de l’art bouddhiste et/ou chinois). Une manière prompte à le sacraliser et surtout à ne pas le dénaturer en tant que créature façonnée par Dieu.
Le représenter, même sans être dans la satire, est haram (interdit).

En résumé :

L’islam se réclame d’une religion sans images. Mais contrairement à ce qu’on laisse croire, le Coran ne contient aucune condamnation absolue des représentations du prophète, Muhammad.

Laurent Adicéam-Dixit

*Chacune des 28 lettres de l’alphabet arabe possède une valeur numérique. Dans la formule d’ouverture des principaux chapitres du Coran Bismillaahir-Rahmaanir-Rahîm (« Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux »), il y a 19 lettres arabes. Lorsqu’on additionne les valeurs de chacune de ces lettres, on obtient un total de 786. Ce nombre, voué à Dieu, est utilisé chez les musulmans de l’Asie pour remplacer la formule coranique en espérant aussi qu’il porte chance.

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