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sensdumonde
4 octobre 2019

100 ANS DE LA LETTRE APOSTOLIQUE MAXIMUM ILLUD

MAXIMUM ILLUD SENSDUMONDE png

MAXIMUM ILLUD 2 SENSDUMONDE

Conférence :

Dynamisme missionnaire de l’Eglise 

100 ans de la lettre apostolique Maximum Illud, ici

Journée d’étude du 1er Octobre 2019 à l’Institut Catholique de Paris, organisée par L’Institut de Science et de Théologie des Religions et les Œuvres Pontificales Missionnaires, permettra aux chercheurs d’analyser le contexte historique et théologique de Maximum Illud.

L’année 2019 marque les 100 ans de la Lettre Apostolique Maximum Illud du Pape Benoît XV au 30 novembre 1919, à la fin d’un terrible conflit mondial. 

Pour célébrer ce centenaire, le Pape François a proclamé le mois d’octobre 2019 : Mois Missionnaire Extraordinaire (MME). En faisant cela, le Saint-Père souhaite réveiller la conscience de la mission Ad Gentes et redonner une nouvelle impulsion à la responsabilité de tous les baptisés au nom de la sainte trinité pour proclamer l’Évangile aux païens. Une mission qui se doit d’être purifiée de toutes collusions, pactes malveillants ou autres envers la colonisation, et qu’elle se tienne loin des visées nationalistes et expansionnistes (territoriales/économiques). En somme, il s’agit d’une mission d’honneur avec des sujets, des dialogues de sens, un éveil des consciences comme l’eschatologie catholique, par exemple. C’est aussi bien une mission pastorale que responsable, dirais-je même intemporelle mais avec des méthodes qui siéent au temps présent, d’un autre paradigme, et c’est maintenant !

Le pape argentin a aussi souligné la mission des OPM (Œuvres Pontificales Missionnaires) de « rendre l’amour de Dieu proche de tout homme, spécialement de ceux qui ont le plus besoin de sa miséricorde », par l’assistance spirituelle et matérielle aux Eglises. D’ailleurs, à la  journée de cette conférence, Mgr Michel Dubost, administrateur apostolique du diocèse de Lyon et Directeur National des OPM a bien mis en exergue l’utilité de la mission Ad Gentes chère à sa sainteté. 

Ad Gentes qui signifie « en dehors de notre communauté de foi, vers les peuples », est le Décret sur l'activité missionnaire de l'Église, il est l'un des textes produits lors du IIe concile œcuménique du Vatican. Approuvé par un vote de 2394 pour et 5 contre, par l'assemblée du concile des Évêques, le décret fut promulgué par le Pape Paul VI le 7 décembre 1965. Il s’agit d’un mode d’emploi, d’un guide pratique à l’intention des missionnaires à travers lequel nous avons appris que le missionnaire a besoin d’une formation adéquate et d’une spiritualité particulièrement ancrée, du fait qu’il se retrouve dans un contexte totalement étranger à sa foi par un dessaisissement de sa propre vie qui, du fait, n’appartient qu’au Christ. Il lui faut prier, partager et soutenir son prochain pour donner un sens à cette vie. Ad Gentes procède également au développement de l’inculturation du rôle du missionnaire, c’est-à-dire se faisant par un processus lent, compréhensif, au niveau de l’autre, en s'imprégnant des mœurs « autochtones » pour gagner une confiance et un amour mutuels.  De plus, le missionnaire ne devra y inclure aucun modèle ecclésial des communautés européennes.

Je pourrais le développer ici même mais la missiologie n’est pas chose facile car elle relève bien du mental par un concept qui, loin d’être empirique, peut l’être à force d’acquis.

Pour les chrétiens, la mission  est l’écho symbolique de la parole de Jésus : « Allez dans le monde entier et proclamez l’évangile à toute la création » (Mc 16,15). En latin « Mission » signifie « envoi ». On sait que le Christ est l’envoyé de Dieu, donc missionnaire.

"Maximum Illud", qui signifie "la grande et sublime mission", est une lettre solennelle dotée d’un sens prophétique et d’une assurance évangélique à sortir des frontières, des nations, pour témoigner de l’amour du Dieu Sauveur à travers la mission universelle qui est celle de l’Église.

J’ai décidé de développer un des thèmes de la conférence qui est le suivant : Fécondité et développement de la missiologie, avec le questionnement : un nouveau visage de l’Eglise  avec Maximum Illud : Une Eglise universelle, missionnaire, engagée dans des échanges et des actes de communion ?

Je vais prendre l’exemple du diacre catholique romain, Joseph Herveau, d’origine indienne et française, qui nous fait part de la missiologie en Inde notamment par le biais de sa mère, indienne.

Etant d’origine indienne moi-même, je ne peux omettre de mentionner deux missionnaires qui me tiennent à cœur : le Père Lefèvre et le Père Ceyrac, qui ont tant fait pour l’Inde. Que leurs empreintes demeurent à tout jamais ici-bas.

Le père Ceyrac, prophète en Inde, avait pour devise issue d’une sagesse hindoue : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu. » Pour lui,  l’Autre devenait le Centre et il se mettait à sa culture dans toute son unité, il vivait l’Inde pleinement, corps et âme. Le père Ceyrac débarque 100 ans après les premiers jésuites et pense avec conviction « qu’il faut renaître, dans un pays nouveau ».

Pierre Ceyrac, prophète en Inde

Inde - Témoignage du père Lefèvre

Le Diacre Joseph Herveau, pointe un paradigme désuet de la missiologie d’époque (Portugalisation catholique, latinisation,…) notamment en Inde où ont eu lieu des dérives dangereuses issues de leçons  aux pensées manichéennes.  Il souligne qu’il faut tirer des leçons négatives et positives de l’histoire missionnaire passée. Il est important de se former à la mission car c’est l’affaire de toute une vie.

A ce propos, en dehors de l’Inde, plusieurs instituts se sont concertés pour mettre sur pied en Afrique un programme diversifié de formation continue adapté au continent. On y développe les quatre grandes dimensions d’une formation équilibrée : humaine (visant à mettre en valeur les talents de chaque personne dans la communauté), spirituelle, pastorale et académique. L’accent est mis sur l’apprentissage par la pratique. Face à la diversité, le diacre Joseph Herveau  a bien expliqué que la tâche était difficile, mais qu’il incombait au missionnaire et à l’Eglise d’être vigilants.  Sa mère a fait les frais de la douloureuse expérience de la « trans-mission »; il lui a été inculqué et sommé de se couper de ses racines indiennes et de vivre autrement avec une doctrine religieuse commandée et enseignée par un missionnaire extérieur, sans scrupules ni équité.  

Ce qui manquait, c’est le dialogue qui est au-delà des annonces, des messages de conversions; le diacre parlait de onze formes d’évangélisation. Pour lui, c’est l’Eglise qui catéchise parce qu’elle est par nature missionnaire avec une interdiction absolue de toucher à la différence, à l’altérité.

En écho à Ad Gentes et Evangelii Nuntiandi, la facette de l’évangélisation qu’est la catéchèse concerne toute l’Eglise. C’est donc la mission des communautés chrétiennes dans leur ensemble (et non celle des seuls « catéchistes ») que de porter l’Evangile. « Tout n’est pas catéchèse, et la catéchèse n’est pas le tout de l’Evangélisation. La catéchèse est ce que la communauté chrétienne propose à ceux qui, librement, veulent participer à son expérience et à sa connaissance de la foi ». Notons aussi que la dynamique expansionniste de la mission peut occulter d’autres formes fécondes « la plus petite forme de semence soit-elle ». En Inde, il y a 3% de chrétiens présents qui font 20% du travail social religieux. L’histoire de la mission en Inde montre les limites du concept de missio ad gentes en même temps que la possible fécondité d’une Église convertie à l’humilité évangélique, précise Joseph Herveau.

Cette précision me semble extrêmement importante, à une époque où la société tout entière connaît une crise de la transmission, crise à laquelle l’Eglise n’échappe pas. Cette crise est souvent évoquée par des grands-parents chrétiens qui ont vécu en chrétiens et qui ont éduqué leurs enfants dans la foi chrétienne et qui, constatant que leurs petits-enfants ne sont pas baptisés, se demandent ce qu’ils ont « raté ». C’est à l’Eglise elle-même que certaines personnes font aussi ce reproche. On pourrait avoir aussi un questionnement voire une réflexion sur les aspects, les points positifs et négatifs de l’inculturation des missionnaires, à développer sans doute dans un TD, qui sait ?

Je pointe une parenthèse ici : Mgr Machado, archevêque de Vasai en Inde dans l’Etat de Maharashtra et ancien vice-président du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux, dit : « Je présente depuis quelques années Mère Teresa comme la plus grande missionnaire d’aujourd’hui. Il n’y avait pas eu de funérailles comme les siennes en Inde depuis Gandhi. Trois jours de deuil national. Elle n’a pas caché qu’elle était disciple de Jésus, et s’est mise au service de ceux qu’elle rencontrait. Sa vie et ses actes ont authentifié son message, mais plus encore, ils ont révélé qui est le Christ à beaucoup de personnes en Inde, parce que comme lui et à sa suite, elle a donné sa vie. »

Personnellement, Mère Teresa est l’exemple même de l’inculturation et de l'acculturation ; elle portait le sari, entre autres, elle agissait en son âme et conscience et était animée de sens de sacrifice de soi.

Le diacre Joseph Herveau aime à répéter ce que Paul VI soulignait : «Evangélisatrice, l’Eglise a toujours besoin d’être évangélisée si elle veut garder fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Evangile

Ainsi, l’Evangélisation apparait-elle moins comme une somme de techniques ou de méthodes - anciennes ou à réactualiser - que comme une attitude fondamentale face à Dieu, dont tout dépend. C’est dans cette perspective, et en attendant avec impatience les fruits du Synode qu’il faut garder espoir pour voir croître le nombre de baptisés même si, et surtout dirais-je, dans un climat supposé de défiance accrue où il faut constamment faire preuve de bon sens et de savoir pour renouer avec un contact humain direct.

MERE TERESA

L.A.D

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